vendredi 26 août 2016

Rudy Van Gelder, ingénieur du son de génie du jazz, est décédé




Rudy Van Gelder, l'ingénieur du son qui a enregistré quelques-uns des albums de jazz les plus marquants de l'histoire, est décédé jeudi à l'âge de 91 ans.
Van Gelder a notamment supervisé en 1964 l'enregistrement de "A Love Supreme" de John Coltrane, dont on dit parfois qu'il s'agit du meilleur album de jazz de tous les temps. Il a aussi "capturé" le génie de Miles Davis, Herbie Hancock, Thelonious Monk, Tom Jobim, Sonny Rollins ou encore Horace Silver.

Son décès a été confirmé par le prestigieux label Blue Note Records, où il a été le chef ingénieur du son pendant des décennies, et par son neveu Gregg Van Gelder, qui vit dans le nord de l'Etat de New York, où il a un magasin de disques.

"Il n'y a pas pas de mots pour dire l'importance de son rôle dans l'histoire du jazz", a souligné Blue Note.

Van Gelder était opticien de formation mais il a voulu devenir ingénieur du son dans les années 40, en même temps qu'il a découvert les concerts de jazz à New York et qu'il s'est pris de passion pour la radio.

Il a débuté chez Blue Note en 1953. Le son Van Gelder s'est ensuite confondu avec le label au point de parler de "Blue Note sound".

C'est en bidouillant les micros allemands Neumann U47, tout juste sortis sur le marché à l'époque, qu'il a réussi à capturer l'essence des instruments et des musiciens.

"En ce temps-là, y compris jusque dans les années 50, la qualité de l'équipement et celle des disques eux-mêmes étaient totalement incapables de rendre ce que les musiciens jouaient sur scène", avait-il raconté au blog JazzWax en 2012.

"J'ai dû expérimenter pour trouver le meilleur moyen de disposer musiciens et microphones de façon à ce que le son soit le plus chaud et le plus réaliste possible", avait-il souligné.

lundi 22 août 2016

Toots Thielemans vient de nous quitter à l'âge de 94 ans

Toots était présent au Festival Jazz à Junas de 1997; photo par Jeanne Davy



Toots Thielemans : «Il était d’une humilité infinie»

Toots et son épouse en 2008 lors de la présentation du film «Toots Thielemans, l’incroyable destin d’un ketje de Bruxelles».


Toots et son épouse en 2008 lors de la présentation du film «Toots Thielemans, l’incroyable destin d’un ketje de Bruxelles».-BELGA



De Toots Thielemans, Philippe Schoonbrood, rédacteur en chef du site Jazz@around, gardera notamment le souvenir de ces coups de téléphone impromptus que pouvait lui passer le grand musicien décédé ce lundi. Des coups de fil insolites qui témoignaient d’un caractère fait d’empathie et de modestie.
« Là, ce matin, j’ai en tête un coup de fil que m’avait passé Toots Thielemans depuis le festival de Bakou en Azerbaïdjan c’était en 2002. Je ne savais pas qu’il était là, par contre je m’étais étonné de l’aspect matinal de son appel. «C’est que je suis confronté à un problème, m’avait-il dit, je suis en train d’établir ma set-list pour ce soir. Compte tenu de la culture du pays, quels sont les morceaux que je dois mettre ou au contraire écarter ?» C’était, tout Toots. La manifestation de sa grande humilité. Lui qui avait tourné dans le monde entier, il demandait encore des conseils aux autres, il s’inquiétait de leur avis».
Cette humilité, pour Philippe Schoonbrood est aussi importante pour comprendre la carrière phénoménale de Toots Thielemans. « Il restait ouvert à tout. Il a écrit des musiques de films, il a joué pour de la publicité. Il a côtoyé les plus grands comme Charlie Parker, Grappelli, Quincy Jones ou Jaco Pastorius, mais il était aussi à l’écoute des plus jeunes musiciens et même des DJ’s. Il a ainsi croisé le fer avec le DJ Grazzhoppa’s DJ Bigband. Il était ouvert ».

Toots Thielemans : «Il était d’une humilité infinie»Toots dans la version imprimée de Jazz@around en pause kid du Bronx (2000)-Cassandre Sturbois/Jazz@aroundRésultat, Toots Thielemans a touché tous les genres avec son harmonica, l’oreille attentive aux nouvelles sonorités. «Au festival de Middelheim, je le voyais attentif au concert d’un musicien très «free», je lui demande ce qu’il en pense. «C’est pas la même grammaire que la mienne, mais c’est pas mal quand même». C’était un vrai curieux».
L’humilité de Toots se traduisait aussi par rapport aux hommages dont il faisait l’objet. Il a notamment été décoré par le ministre de la culture, Gilberto Gil. Il a reçu l’Octave d’honneur en 2011. Il a été fait docteur honoris causa à l’ULB. Sans jamais attraper la grosse tête. « Je pense que ce qu’il l’aidait à bien vivre sa notoriété, c’était son autodérision. Ainsi quand il parlait de Bluesette, le morceau qui l’a rendu célèbre, il avait coutume de dire «C’est ma sécurité sociale».Ce qui le caractérisait, c’était aussi sa gentillesse, sa sensibilité, je l’ai vu plus d’une fois la larme à l’œil».
Toots Thielemans était aussi baron. De ça aussi, il ne tirait aucune vantardise. « Il aimait dire qu’il était le baron de la Rue Haute, la rue où il était né. Une façon de rendre le titre de noblesse un peu moins pompeux et plus proche de son caractère ».